Nous avons donc créé 4 persos appartenant à une faction et éduqués chacun avec une spécialité à des missions très spéciales. En ce qui concerne mon perso, ce sera une courtisane aux talents bien particuliers, nous aurons un marionnetiste spécialisé en explosifs, un médecin accuponcteur et connaissant admirablement les poisons, très très jeune de plus et un spécialiste en infiltration.
Hananatsu mon perso sera spécialisée en danse de cour, théatre, poésie, calligraphie pour ce qui est des compétences honorables, pour le reste
Voici la première partie avec son recrutement.
Il pleuvait à verse et c’est à peine si je pouvais distinguer le contour des maisons où ma mère m’avait envoyé chercher du secours. C’était la saison des prunes et l’air était chaud et suffoquant malgré les pluies torrentielles qui l’accompagne.
Je n’avais sans doute que quelques minutes d’avance sur mes futurs poursuivants. Enfin à l’entrée du village, je me retournais pour voir si dans mon sillage, j’étais suivie. Je ne pus distinguer grand chose dans le rideau de pluie dense et à la tombée du soir.
J’aurais voulu reprendre ma course mais dans mon élan, je me heurtais à une silhouette que je n’avais pas vue devant moi. Poussant un cri de surprise, j’en perdis l ‘équilibre me croyant devant l’un des assaillants de mes parents. Un plus malin qui aurait fait le tour.
La main de l’inconnu sortit du manteau de pluie et me saisit le poignet dans ma chute. D’un geste ferme il me retint et me remit sur mes pieds. Lorsque je levais les yeux , sous le chapeau de paille je découvris son visage fin et doux. Il baissa les yeux sur moi et la force de son regard me sidéra.
Je restais comme cela un temps incalculable, comme un poisson manquant d’air avant de balbutier :
- Je m’excuse…
Mais l ‘homme n’eut pas le temps de me répondre, qu’une voix derrière nous l’invectiva :
- Et toi, laisses cette gamine, elle est à nous !
Je sursautais et ce mouvement n’échappa pas à l’inconnu. Sa voix claqua à travers la pluie comme un coup de tonnerre tranquille, presque comme un défi.
- Que lui voulez-vous ?
- C’est une criminelle et elle est à nous !
Les larmes me montèrent aux yeux devant le sort qui m’attendait cependant je trouvais la force de protester :
- Ce n’est pas vrai, ils sont venus pour nous voler. Ma mère m’a envoyé chercher du secours.
L’inconnu baissa à nouveau son visage sur le mien et me prenant par le bras me fit doucement faire un quart de tour, me plaçant derrière lui à l’abri.
Un des hommes essaya encore de le convaincre :
- Eh l’ami, on va pas se battre pour une petite voleuse, hein ? On a rien à gagner à cela !
Mais son camarade beaucoup plus impétueux avait déjà la main sur la poignée de son sabre. A l’abri un tant soit peu, je pouvais sentir la force de cet homme se dégager et ma sensation s’accompagna du bruit de l’acier que l’on tire du fourreau. Un frisson me parcourut l’échine, la peur et le fait d’être trempée sûrement.
Aucun villageois ne nous avait encore entendu et j’étais partagée entre l’idée d’aller tambouriner aux portes et celle de rester figée là attendant de voir si mon sauveur inconnu aurait le dessus. Je ne pouvais pas m’imaginer qu’il en serait autrement tellement mon cœur espérait.
Les trois hommes s’observèrent pendant de longues minutes puis l’assaut fut donné et en quelques secondes, le corps des deux agresseurs gisait la face dans la boue. L’homme secoua la lame de son sabre, le remis au fourreau et se tourna vers moi.
- Où se trouve ta maison ?
Un instant interdite par la mort et les cadavres à ses pieds contrastant si fort avec le calme de sa voix, je passais devant lui pour lui montrer le chemin.
J’avais tellement espéré ! Mais quand j’arrivais, la maison était en flamme, le feu luttant avec l’eau du ciel pour conserver ce qui avait été mon passé. L’inconnu m’arrêta et me dit d’attendre et de crier si j’étais en danger puis il s’avança calmement. Mon cœur battait la chamade. Devant un tel désastre, qui pouvait être vivant ? Je le vis se pencher à plusieurs reprises puis se relever, il fit le tour de la bâtisse rapidement puis revint vers moi. Il était inutile qu’il parle, je savais que plus personne n’était en vie, mes larmes s’ajoutèrent à celles du ciel et je voulus aller voir ce que je m’imaginais être le corps de mon père ou celui de ma mère mais il me retint.
- Cela ne sert à rien, le jeune garçon est mort aussi.
Je compris alors que mon petit frère n’avait pas su s’échapper quand ma mère nous avait fait glisser dehors, lui pour fuir et se cacher et moi pour chercher du secours.
L’homme me prit par la main et nous sommes retournés au village.
Que dire d’autre sinon que nous avons attendu trois jours et trois nuits que la pluie cesse avant de pouvoir quitter le village. Malgré les protestations des villageois et leur proposition d’aide, j’avais décidé de suivre l’homme qui m’avait sauvé la vie. Trois jours à ses côtés m’avait rapproché de lui comme s’il était de ma famille. Je sentais chez lui bonté, douceur et compassion. Nous avons partagé pendant trois jours le silence et ce que je crus pendant longtemps comme le partage de ma douleur et qui s’averra beaucoup plus tard tout autre chose. Je ne voyais plus d’autre avenir que d’être à ses côtés, consciente malgré mon jeune âge que nous n’étions pas du même monde, lui samouraï, moi heimin. Peu m’importait les sacrifices et ce qui m’attendait, j’avais décidé de lier ma vie à cet homme sans autre explication que mon instinct d’enfant et celui de faire le bon choix.