[7.0] Avec la nuit vint le banquet... et la tempête.

[Izaku Kaiteru]

Les quelques hôtes qui, se laissant aller à leur distraction, en seraient venus à regarder par les fenêtre auraient pu observer un étrange spectacle...

Dans la plaine faisant face à la salle des réjouissances, une petite silouhette rougeâtre s'agitait dans le lointain. Izaku Kaiteru, une bâche de toile cirée grotesquement rabattue sur la tête pour se protéger de la pluie courait ça et là, prenant garde tant bien que mal de ne pas pateauger dans les flaques de boue qui commençaient à se former sur son champ de tir. Il avait vu venir les nuages menaçants et avait déjà pris garde de protéger ses récipients de poudre en les couvrant et en les sur-élevant. A présent, il disposait d'étranges tiges de métal à des endroits dont la logique aurait échappé à qui que ce soit d'autre. Elles auraient pour fonction d'attirer d'éventuels éclairs afin d'éviter qu'Osano-Wo ne donne un départ prématuré au tir de Hanabi que Kaiteru avait mis tant de temps et de soin à préparer.

Mais au fond, cette tempête passagère pourrait peut-être être mise à profit. Kaiteru avait son idée... mais le minutage devait être parfait. Tout en courant, il se préparait intérieurement. Il aurait besoin de toute son énergie le moment venu. Mais les Kami n'abandonneraient pas ce descendant d'Agasha. Ils ne l'avaient jamais fait. C'est ainsi qu'ils traitent, pensait Kaiteru, ceux qui les servent respectueusement sans tenter d'abuser de leur pouvoir.

Ce soir, la plaine et tous les environs de Kyuden Kakita allaient s'illuminer de mille feux !!!

[Hida Koan]

La partie de go venait de s’achever, le gong de retentir, Hiruma Lya s’éloignait à pas légers de la table de jeu et l’Empereur s’étira. Cherchent des yeux le vieux maître lubrique, il se surprit à le voir derrière son dos : « Alors j’ai bien joué à ton avis ? » puis lui susurrant à l’oreille « Alors donneur de leçons aux pucelles, tu veux que j’te montre moi aussi comme on joue ? ». Koan se retourna sans un mot de plus, le sourire aux lèvres alors que le vieil homme reprenait la teinte cramoisie qu’il avait lors de la première rebuffade, comme si les instants de la partie n’avaient duré que le temps d’un battement de cils. Il fit un rapide tour de salle des différentes prestations proposées puis s’en alla prestement dans ses appartements afin de se changer.

Les corridors paraissaient encore plus longs que le matin même. J’espère que les journées ne seront pas toutes comme les dernières que l’on a passées… Et pas aussi ennuyeuses que celles d’aujourd’hui… Nombre de serviteurs hantaient les couloirs, les yeux au sol, les bras chargés de paquets et les pieds si prestes qu’ils paraissaient ne pas toucher le sol. Chacune des personnes croisées s’empressait évidemment de ployer l’échine à qui mieux mieux devant lui. Un empoté fit même rouler au sol une quantité astronomique de boulettes de riz compactes dans la précipitation de la soumission. Déjà qu’en règle générale, je voyais que le haut de la tête des gens sans même qu’ils se baissent, la j’ai l’impression d’habiter un empire de perruques sur pattes.

Arrivé enfin devant la suite, gratifiant les gardes d’un regard, Koan fit glisser le shoji et rentra dans le petit salon. Quelques minutes plus tard, une servante s’affairait déjà à déplier un kimono des plus ravissants, encore plus pimpant que celui de la journée. Koan demanda du kan-sake, qu’on lui en apporte une pleine jarre avait-il dit… Ca lui ferait bien les quelques temps à passer ici. L’Empereur déroula le parchemin qu’il avait glissé dans sa manche après que Lya lui eut transmis. Fut amenée une jarre à sake ; déposée dans un coin de la suite impériale elle dénotait quelque peu avec le mobilier. Un serviteur s’empressa d’en remplir une cruche en terre cuite, ciselée on ne sait comment avec les délicatesses méritées pour la porcelaine et de servir un petit bol d’alcool fort à l’Empereur.

Les petites gorgées et longues rasades se succédèrent sans discontinuer, tant et si bien que le bain sembla apparaître de son propre chef, ses longs cheveux de jais se laver seuls et se démêler on ne peut mieux. Se laissant peu à peu engourdir par la chaleur de l’eau et celle de la boisson, Koan en vint à lâcher le parchemin à l’étrange symbole sur le sol. Une jeune fille s’en empara pour aller le déposer sur sa table de travail. Des paires de petites mains s’affairaient à le rendre présentable, et certaines plus aimantes que les autres, lui remplissaient prestement son petit bol de saké.

Sans avoir bien noté comment, le grand bushi se retrouvait au milieu de la pièce, entouré de perruques sur pattes qui l’habillaient. On lui refit le chignon traditionnel, parfuma ses cheveux et ses vêtements, ceignit ses pieds de sandales du plus bel effet. Enfin quand tout fut presque parfait au goût des petites mains, une femme d’un certain âge se présenta devant lui, une coupe emplie d’un liquide jaune opaque porté à bout de doigts. Elle porta la coupe à ses lèvres et cela lui fit un choc piquant : du citron… La brume d’alcool se dissipa rapidement, pour ne laisser dans son sillage qu’un vague mal de tête lancinant. Il articula un « Merci » à l’adresse de la vielle femme et soudain les serviteurs en présence parurent soulagés…

Shikizu, sa dame, l’attendait sur le trajet menant à la salle de réception. Il était grand, altier, le cheveux brillant, la démarche sûre. Son kimono flamboyait de broderies dorées et de perles cuivrées. Les mon impériaux disséminés ça et là sur le kimono de cérémonie attirait l’œil du commun autant que celui, avisé, des esthètes. Le obi large et de lin bleu marine tranchait savamment avec la délicatesse de l’étoffe du kimono. Les reflets des soieries faisaient danser les ombres quand son allure grandiose accompagnait ses pas égrenant les secondes. Il était grand, il était fort, il était beau… Et il avait un peu l’œil vitreux…

[Moto Shikizu]

Shikizu le su au premier regard. Il avait bu ! Oh rien de bien grave, en tout cas pour lui, souconna t elle. Mais nul doute que d'autres s'en appercevraient, si ce n'etait deja fait... Il lui faudrait etre tres attentive ce soir, encore plus que les autres. Un courtisan, ou une courtisane, pourrait tenter de profiter des circonstances pour obtenir plus aisement une faveur, ou de retrirer plus qu'il ne sied de sa Majeste Imperiale devant un large publique...

L'Imperatrice s'inclina pour saluer son epoux. Ce faisant elle forcait toute l'assemblée a s'incliner plus bas encore et en ces circonstances meme les plus audacieux n'oseraient pas lever le regard vers le visage de l'Empereur... " Votre Magnificence est la bien venue a nos cotes, votre Majeste " le salua t elle " Toutes ces Dames et ces Seigneurs se sont affaires pour vous plaire, et votre seule presence illumine leurs atours d'un soleil eclatant en rehaussant l'eclat et la mise... " D'un leger claquement de son evantail, elle fit ouvrir les portes par les serviteurs qui n'attendaient que son bon vouloir pour decouvrir le lieu des festivites...

Elle tendit le bras vers son epoux, lui permettant ainsi de saisir sa manche et de la conduire comme il se doit. " Decouvrons enesembles les merveilles qui nous ont ete reservees pour cette soiree... "

[Seppun Kurohito]

Dans le grand hall, l'attente était palpable, et la chaleur étouffante, annonciatrice de l'averse prochaine, rajoutait à la tension. Les voix de la cour résonnaient, les éventails battaient l'air avec rigueur.

Quelques courtisans essuyaient la moiteur de leur visage avec des petits carrés de tissu parfumés. L'entrée des miharu, par des portes secondaires, indiquaient l'arrivée prochaine du Fils des Cieux.
Les solides gardes de l'Empereur se positionnèrent sans un bruit sur les côtés de la salle.

Kakita Noritoshi laissa le représentant du Clan de la Licorne avec les deux assistants de l'Empereur, pour se rapprocher des grandes portes à double battant que chacun fixait d'un regard impatient.

Soudain, un éclair illumina la salle. Alors que les larges panneaux s'ouvraient, la pluie commença à tomber. Osano-Wo accueillait ainsi son descendant, avec les honneurs de l'orage.
Un vent frais traversa la vaste salle, accueilli avec une joie et une soulagement difficilement dissimulée.

Alors, le couple impérial apparut, magnifique et solennel.
Shikizu se tenait à la droite de son divin époux, suivie par ses dames d'atours habituelles, la dame Kakita Mai, la jeune Kakita Yamiko, et quelques demoiselles du palais.
Dès qu'ils firent un pas dans le grand hall, la cour s'écarta, traçant un passage jusqu'à l'arche artisitiquement ciselée qui ouvrait sur la salle du banquet. Tous s'agenouillèrent selon la manière prescrite dans le protocole impérial, à l'exception des plus proches du Fils des Cieux qui s'inclinèrent cependant très bas. Alors que Doji Kojiro et Seppun Kurohito venaient se porter à la droite de Koan, en retrait du couple, Kakita Noritoshi accueillit son suzerain avec un salut grâcieux.

Ainsi, cet illustre comité traversa la salle en direction des tables de banquet, alors que la cour se relevait en observant le souverain de l'Empire dans ses somptueux apparats.

Certains, parmi les plus perspicaces, pouvaient déjà deviner ce qui demeurait invisible au plus grand nombre : la pâleur de Kakita Yamiko, demoiselle d'atour de Shikizu, le regard soucieux de dame Mai, mais surtout, l'étrange regard brillant, bien que clair, de l'Empereur...

[Okuma]

Le vieux shugenja de l'ours se contenta de sourir. "Je pense que le saké est bon ce soir." Il était de tradition chez les Crabes et les clans mineurs que le goût du saké était toujours un présage. "Je préfère ça au saké ayant un goût de sang.". Il souria au barde Ikoma. La pluie redoublait dehors, le vent portant le bruit du tonnerre.

[Seppun Kurohito]

Ikoma Sanzo mit un bref instant à comprendre les paroles d'Okuma, avant d'acquiescer de la tête en esquissant un léger sourire.

Alors que la cour se relevait, le barde signifia à Matsu Yumi de faire de même, et désigna d'un mouvement discret de l'éventail une pâle jeune fille tenant la somptueuse traîne de la robe de l'impératrice. Il devait s'agir de Kakita Yamiko.

[Seppun Kurohito]

Lentement, la princesse Doji Yasuyo était venu rejoindre le groupe de tête, se plaçant aux côtés de Kakita Noritoshi. En un bref coup d'oeil, elle nota l'émoi dissimulée de la jeune Kakita.
Elle songeait encore au serment fait à l'Impératrice, mais son intuition lui soufflait que cette dernière n'en avait pas encore avisé son époux. Cela ne l'empêcherait pas de veiller d'ores et déjà sur la royale épouse...

Le seigneur Noritoshi indiquait maintenant le large dais sous lequel le couple impérial allait s'installer, en leur parlant de sa voix caractéristique, obéissant aux formules complexes du protocole impérial :

"- Si votre Majesté et sa grâcieuse épouse le permettent, le banquet peut être donné..."

Il attendit ainsi que le couple s'installe, signe qui marquerait le début des réjouissances.

[Soshi Yabu]

ailleurs, dans le monde des kamis:

Bayushi: "Non mais je vous jure! Osano-wo, tu as pas l'impression d'en faire trop? Les éclairs machin, tout ça?
Osano-wo: Toi, t'es jaloux. Pas MA faute si TES descendants n'ont pas su garder leurs petites fesses sur le trône plus de quelques jours!
Bayushi: ta gueule! D'ailleurs, ils sont où mes scorpions dans tous ces faufreluches????
Osano-wo: J'ai bien une réponse...."

[Hida Koan]

"- Si votre Majesté et sa grâcieuse épouse le permettent, le banquet peut être donné..."

"- Mais faîtes donc, faîtes donc..." répondit gauchement Koan en faisant un petit signe de la main.

Il regarda intensément Shikizu... qui s'assit gracieusement. Puis il s'assit... Un peu moins gracieux pour être honnête et quelque peu trop enclin à laisser la gravité accomplir son oeuvre. He bah voilà... Bah on est bien beaux tous là, tirés à quatre épingles... Tiens, y'en a d'autres qu'ont l'air pas bien clair... Ils ont du profiter du Kan-sake aussi. se dit l'Empereur.

Shikizu lui donna un léger coup de coude dans les côtes, imperceptible dans ses grandes manches flottantes, avant de toussoter.

"Que les Kami rendent ce banquet si agréable que cette journée!" bafouilla Koan sous le regard appuyé de Shikizu "Et qu'on mange correctement" ajouta-t-il dans sa barbe.

[Seppun Kurohito]

Dès que le souverain fut installé, le reste de la cour emplit la pièce, chacun notant sa place le long de la table.
Doji Kojiro, puis Seppun Kurohito furent placés à la droite de l'Empereur, avec Kakita Noritoshi et son frère Atoshi. A la gauche de l'impératrice, la dame Kakita Mai, Doji Yasuyo puis Kakita Yamiko prenaient place.

Non loin, les daimyo, la concubine impériale et ses dames d'atours, les représentants des Clans majeurs et leurs proches assistants, étaient les plus proches de l'Empereur, de son épouse et de ses conseillers, à portée de voix.

Puis venait le reste des invités, venus de toutes les régions de l'empire pour se faire remarquer de la présence impériale.

Certains notèrent l'entrée de Yogo Kaneda à ce moment-là, puis, quelques instants plus tard, de Doji Michiko. Quelques-uns cachèrent leur sourire derrière leurs éventails, ou encore sous leurs masques...

Le vent frais était une bénédiction après la chaleur de la journée. La pluie tombait sans cesse, avec la violence habituelle des orages d'été. De nombreux éclairs zébraient le ciel et le tonnerre faisait presque trembler les murs du château...

[Soshi Yabu]

Avant de pénétrer dans la salle, Soshi Yabu gueta Bayushi Hiryu. Après tout, autant faire ce diner en bonne compagnie.

[Yogo Kaneda]

Midori était parvenu à guider Kaneda jusqu'à la salle où devait se tenir le banquet donné en présence du couple impérial. Louées soient les fortunes pour lui avoir fait croiser le chemin de cette Yojimbo...

Il se demandait encore pourquoi on lui faisait cet honneur.

quelque part, au-delà des tréfonds de son inconscient, dans son ça, il lui sembla entendre une rumeur qui lui disait: "tu es ici car tu es un PJ et que tu dois être autour de cette table avec les autres PJs, même si rien ne vous force à vous entendre"...
il chassa bien vite ces idées stupides.

il avait vraiment l'air d'un seigneur, ainsi paré du masque de son illustre prédécesseur. Après tout, personne ici n'avait vraiment eu l'occasion de côtoyer longuement celui qui avait été un des plus fidèles conseillers du seigneur Shoju et personne ne saurait que c'était le Vrai masque de Junzo...

Il était plus charmant, quoique plus boiteux que junzo... moins fort et moins craint, mais tout aussi aimé...

La seule pensée qui lui vint quand il pénétra au sein de l'assistance, face aux sourires de façades était:

Je vous méprise... tous

[Soshi Yabu]

Soshi Yabu, alors dans ses recherches, tomba à proximité de Yogo Kaneda. Et une surprise le prit: son masque était celui de Yogo Junzo, ce traître qu'il avait personnellement boité sous le règne d'hantei 39. Son "scorpio-sens" retentit.

[Bayushi Hiryu]

Hiryu se rapprocha des deux Scorpions, et un instant de surprise manqua de le faire trébucher. Le Yogo avait osé revendiquer ouvertement son ascendance, il devait faire en sorte que le problème soit réglé...

[Soshi Yabu]

Soshi Yabu regarda Hiryu droit dans les yeux. Les siens flamboyaient déjà.