[2.15-HK] Grandes manoeuvres

[...]

Après que la première journée de garde fut passée, avant la nuit. Kei sortit du palais du Conseil au pas de course, sans même prendre le temps de retirer son uniforme d'apparat. Elle passa devant la forge, se demandant un instant si elle n'allait pas chercher Utagawa pour qu'il empêche que ça dégénère, mais finalement elle ne le fit pas. Quelques rues plus loin, elle était devant chez ses parents. Elle frappa à la porte.

- Entre.

Son père était agenouillé devant le foyer et buvait de la soupe. Sa mère buvait aussi de la soupe, adossée contre le mur, un peu plus loin, le visage rouge.

- Je t'ai entendu arriver de loin. Entre.

Et Fubatsu ferma les yeux un bref instant. Comment commencer cette conversation ? Il s'était posé la question de nombreuses fois au cours des derniers jours. Il ne connaissait qu'un façon d'annoncer des nouvelles : sobrement, sans fioritures, sachant déjà depuis longtemps que sa fille n'allait pas accepter ce genre de nouvelles sans rechigner. Et maintenant, il savait qu'elle allait le détester pour ça, qu'un autre avenir lui avait été ouvert, un avenir qu'elle aurait préféré et que sa décision allait fermer à jamais. Il savait qu'il avait pris la mauvaise décision, et il avait l'impression d'être dans un tunnel avec un oni aux basques, juste au moment où on découvre que le tunnel est sans issue.

- Kei, j'ai décidé de te marier. Assieds-toi.

Elle aurait voulu parler dehors. Elle ne voulait pas rester. Elle ne s'assit pas et dit d'une voix froide " Je ne viens pas discuter. Je viens prendre son nom. Celui que tu as choisi sans rien me demander. Après je m'en vais."

- C'est une histoire un peu étrange, et il vaut mieux que tu t'asseyes.

- Je reste debout. Tu me donnes son nom et je pars. Si je dois subir ton histoire, dépêche toi je suis pressée.

- Ha... Il y a quelques jours, j'ai reçu une lettre d'un ami. Un homme en qui j'ai toute confiance et qui ne te veut que du bien.

- Et donc ? Abrège, dit-elle méchamment, je dois retourner au Palais.

- Il me disait avoir la possibilité de négocier un mariage avantageux pour toi, avec un jeune bushi de noble lignage... J'ai accepté, et les choses sont allé leur bonhomme de chemin... jusqu'à recevoir l'aval du daimyo du jeune homme...

- Bon et bien donne moi les noms de tout le monde, et je m'en vais.

- Il... Il s'appelle Akodo Otodairi. Sakamasu-sensei m'a confié qu'il nourrissait de tendres sentiments pour toi depuis des années, et c'est le fils d'un daimyo du Clan du Lion.

- Quoi? Mais d'où il sort lui ? Nan... Nan... Laisse je m'en fous... Comment s'appelle son père ?

Fubatsu fut troublé.

- Son père ? Akodo Otokoda. Mais quelle importance ?

- J'ai demandé a Yasuki Taka-sama de bénir mon mariage avec Retsu et d'arranger tout ton merdier. Et j'espère qu'il va vraiment y arriver sinon je ne réponds plus de moi. Tu pourras préciser a ma future belle-famille que la moitié de la ville m'est passée dessus et que je suis sûrement enceinte. Je m'échine tellement a l'être que je me demande comment j'arrive encore à marcher. Sinon sache que je me ferais une joie de le faire.

Elle se dirigea vers la porte.

- Merci des renseignements. Fais comme ma mère, oublie moi tu veux.

- Mais Kei, ça ne sera pas possible...

Mais la porte se referma sur ses paroles et il finit par un murmure.

- ... aussi a accepté.

Elle se dépêcha de rentrer au palais.

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