[3.6-all] Un château en hiver

Elle avait suivi les instructions de Retsu... Elle n'était pas spécialement versé là-dedans et ça ne lui avait jamais vraiment plu. Quand il s'était incliné, elle avait fait pareil, avec un petit temps de retard cependant...

Le prêtre eut l'air interloqué, puis il sourit encore en les regardant.

-Ah... je vois que vous semblez sincères, enfants... mais je ne peux pas vous marier maintenant. Cela m'est absolument impossible de bénir une union à cette heure néfaste.

Retsu acquiesça.

"L'heure du Tigre ne sera pas longue à venir." répondit-il.

"Cela vous conviendrait-il ??, Kannushi-sama ?" demanda le jeune homme en s'inclinant de nouveau.

- ça nous laissera le temps de méditer correctement, coupa Kei avant de se voir exposer un énième refus...

Retsu se tourna vers Kei avec un sourire avant d'acquiescer.

Le prêtre hocha la tête :
- très bien, je reviens dans une heure. Méditez pendant ce temps.

Puis il rangea ses ustensiles et alla se restaurer dans uen petite salle proche. Dont il revint quelques instants plus tard :
- Excusez-moi, voulez-vous partager cette soupe avec moi ? Ce n'est que du radis aux champignons, mais c'est nourrissant et savoureux.

"Avec plaisir !" s'empressa de répondre Kei... Va pas filer comme ça lui, avec notre chance il ne reviendra pas sinon...

"Merci de votre attention, Kanushi-sama..." répondit Retsu avec un sourire.

Le prêtre les mena dans sa cuisine : four, foyer, modeste table de bois. Et douze die-tsuchi le long des murs brillant faiblement à 510 nm. Devant leur regard il s'expliqua :
- La charge de la chapelle inclut l'entretien d'armes pour les visiteurs. Je suis Kuni Akisho.

Il sortit deux bols d'une étagère et entreprit de les remplir avec un breuvage onctueux.
- La satiété est la finalité d'un foyer heureux. La soupe est un plat simple, savoureux, proche de la nature et qui réjouit le corps et l'esprit. Un esprit entraîné dans un corps vigoureux est la clef de la victoire, un estomac plein dans un foyer paisible est la clef du bonheur.

La jeune femme s'inclina pour remercier le shugenja et l'écouta avec attention. Les proverbes et autres aphorismes n'étaient pas forcément sa tasse de thé.

- Merci beaucoup. On n'avait pas eu le temps de manger aujourd'hui, répondit-elle un peu comme un cheveu sur la soupe. Mais je suis d'accord avec vous, Akisho-sama.

Les deux jeunes gens mangèrent de bon cœur. Comme Kei l'avait fait remarquer la journée avait été assez dense et ce simple repas fut une pause bienvenue.

Retsu ne put s'empêcher de couler un regard en direction de la jeune femme avant de sourire.

Le prêtre s'était arrêté de parler et les regardait se mamourer du regard en silence.
Il changea de position en silence.
Puis, lentement, il porta ses mains à sa gorge, en silence.
Et, la langue pendante, le visage rouge, il s'effondra sur le côté, en silence.

Kei cria, pas qu'elle n'avait jamais vu quelqu'un avaler de travers mais là, elle n'avait pas la tête dans cet état d'esprit là. Elle se précipita de l'autre côté de la table basse. "De toutes façons tant qu'il est rouge et pas bleu ça va hein?" demanda-t-elle un peu paniquée quand même.

Retsu bondit sur ses pieds et se précipita sur le kannushi.

Il s'agenouilla auprès du prêtre et, sans hésitation, il lui plongea ses doigts dans la bouche afin de s'assurer que les voies respiratoires étaient dégagées.

"Ouais, on devient bleu..." fit-il.

Les voies respiratoires étaient obstruées. Vraisemblablement par un énorme morceau de daikon blanc recouvert ("élégamment" pensa Retsu) d'une petite algue, que ses doigts repoussèrent... vers le bas. Dans le fond de la gorge.

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