[4.5] La vérité est ailleurs

Retsu était resté silencieux.
Si tout le monde semblait s'extasier devant l'offre qui était faite, cette dernière avait replongé le jeune homme dans ses souvenirs du Mur.
Il se souvenait de la leçon de sa gunso, Shizuma-dono : "Si quelque chose a l'air trop beau, c'est que c'est sûrement le cas..."

Et il fallait reconnaître que ce clan surgit de nulle part, venu sur les conseil d'une courtisane du clan du scorpion et qui faisait miroiter monts et merveilles, était peut-être suspect...

Il dirigea son attention vers l'interlocuteur de Kei-chan, cherchant à deviner les petits tics gestuels qui pourrait trahir ses véritables intentions...

- Ma belle-soeur ? Ah, Chohime-chan vient d'une grande famille du Clan du Scorpion. Elle avait été présentée à mon frère dans sa jeunesse et les sentiments entre eux se sont renforcés progressivement. Un mariage d'amour à notre époque, n'est-ce pas un heureux présage ?

Le mariage n'a pu être célébré que tout récemment, mais je suis sûr que j'aurai bientôt de bonnes nouvelles.

Arihito avait pris une voix douce qui aurait paru presque tendre.

- Excusez-moi de poser la question, rencherit-elle toujours malpolie, mais Chohime... J'ai connu une Chohime, parlons-nous donc de la même? Chohime, comme Bayushi Chohime ? Qui vit... Vivait ici?

- Je crois que nous parlons bien de la même. Elle a souvent évoqué sa carrière dans votre belle ville, ses amies, les joies et les douleurs qu'elle a connues ici.

Le regard de Retsu croisa celui de Kei.
Il pouvait presque y lire ses pensées...

Kei était partagée entre sauter de joie, était-elle réellement enfin partie, cette pu** rouge, ou manigancait-elle quelque chose...

À ton avis, espèce de cruche?

- J'espère qu'elle se remet bien. Mais vos contrées sont agréables n'est-ce pas? C'est ce que vous nous avez dit...

- Nos contrées sont agréables, en effet. Sources et cascades créent un décor très bucolique qui plaît beaucoup aux dames de bonne éducation.

Shiranai agita son évantail. Il vous endort, concentrez-vous.

Un haussement de sourcils. Ou alors c'est que vous êtes sensible à son charme ?

- En tous cas elle est là-bas, voulut-elle s'assurer gauchement.

Demanda-t-elle après avoir asséner un regard assassin à Shiranai.

Le repas commença quelques instants plus tard et les convives y prirent plaisir ; puis Sakamasu entraîna Arihito visiter le jardin - c'est à dire discuter conditions pratiques.

La Lune brillait de mille feux dans le ciel ; Oama s'approcha de Retsu et Kei en murmurant :

- La vue est superbe sur ce promontoire. J'ai connu un homme, autrefois, qui pouvait rester des heures en extase devant la splendeur de Seigneur Lune - un de vos concitoyens, d'ailleurs. Scintillation. Le connaissez-vous ?

Retsu se tourna vers leur interlocuteur. Lui qui pensait pouvoir profiter d'un petit instant de calme avec Kei-chan c'était raté...

Le nom ne lui disait rien, il laissa donc à Kei le soin de répondre.

- Justement oui, répondit-elle quasiment du tac au tac.

Décidément, le monde est petit... Un peu trop petit à mon goût d'ailleurs.

- Vous avez beaucoup voyagé ? Cet homme était-il établi sur vos terres ?

Retsu retint un froncement de sourcil. Il ne connaissait pas la personne dont Kei-chan et Kumo-dono discutaient mais si c'était du même acabit que d'être recommandé par Bayushi Chohime-dono, ce n'était pas vraiment un avantage...

Il songea un instant que l'ambassadrice était vraiment quelqu'un qui ne lui plaisait pas. Elle lui avait fait du gringue alors qu'elle devait se marier avec Kumo-sama ?
Sans doute pensait-elle qu'il lui suffisait d'ouvrir les cuisses pour manipuler l'ensemble du clan du crabe...

- Je l'ai rencontré il y a longtemps... lors d'un voyage de formation que j'ai fait, et que vous appelez musha-shugyo. Il n'a jamais résidé sur nos terres, même si certains de ses amis y ont établi un monastère. Un homme bon, érudit et sincère. Ne trouvez-vous pas ?

Vous appelez musha shugyo...

La phrase sonnait bizarrement... Etait-ce un lapsus ?

- Il est très courtois et franc à tout le moins. Ça m'a l'air 'être un homme bien.

Même si ce qui se retrouvait de près où de loin lié à Chohime donnait de l'urticaire à Kei. Elle ne releva pas quand à elle le "ce que vous appelez"... Comment pouvait-on appelé ça autrement de toute façon.

- Lors de votre musha shugyo, et bien, vous êtes surprenant. Je serais curieuse que vous me parliez un peu plus avant de ce monastère, il est possible qu'il veuille ici faire un temple, dit-elle alors que c'était déjà acté*.

Ce qui la turlupinait encore plus mais qui n'avait pas vraiment de rapport avec l'intérêt de la ville c'était de savoir pour quel haut fait ils avaient eu l'autorisation de faire un clan mineur...

*enfin je crois

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