[4.10] Les prémices du procès de Bayuri

- Pas du tout. Je vous donne un indice. Il faut bien que je m'approche si je veux vous le murmurer à l'oreille, non ? Et puis vous pouvez faire l'effarouche, qui est-ce qui a parlé d'engrosser tout à l'heure ?

Elle à pas tort hein...

Yasuki Matsusuke, qu'elle avait vu pendant l'attaque, Hida Ryoichi, un ancien gris et deux hommes* dont elle ne connaissait pas le nom l'attendait dans le hall quand elle sortit après que Hora lui ai signalé que tout était bon.

Ils portaient tous les armures classiques de la ville mais sans à distinction ni de la Garde des Eaux, ni de l'ancienne Garde du Conseil.

- Matsusuke-san, le salua-t-elle, c'est vous qui venez avec moi ?

Elle commença à avancer et entendit beaucoup plus de pas que prévu. Elle se retourna et les quatre homme s la suivaient.

- Vous faites quoi là? Leur demanda-t-elle soupçonneuse.

- Ils viennent Karo-sama, répondit doucement Matsusuke, nous sommes votre Garde. En fait techniquement nous sommes six mais comme ça nous pouvons nous relever les uns les autres. D'ailleurs à l'heure prochaine Chigiru laissera sa place et deux heure après ce sera encore Nobunori qui partira et sera remplacé. Moi je reste jusque là mi-nuit à peu près et puis...

Il se perdait dans les détails organisationnels, enfin plutôt il la perdait, lui avait l'air de parfaitement savoir comment allait se dérouler les prochaines 24h. Sa voix decrut à mesure que le visage de Kei grimacait.

- On pourrait peut-être y aller juste tous les deux chuchota-t-elle pour que les autres n'entendent pas.

Le jeune homme rougit et balbutia une réponse inintelligible. Elle se rendit compte de la méprise possible.

- Non mais je veux dire que si je dois faire une mission discrète c'est mieux à deux.

Il retrouva un peu de voix.

- Si vous voulez Kei-sama, mais ce ne sont pas les consignes...

Puis il pensa à son supérieur, aux ordres stricts qu'il lui avait donné et puis surtout à sa carrure et sa mine pas franchement rigolarde. Et il ajouta aussitôt.

- Ce n'est pas possible Karo-sama, j'ai des ordres et je dois les suivre.

- Vous savez des fois il y a du bon à faire une entorse au règlement, tenta-t-elle.

Des yeux noirs et furibonds en tête, Matsusuke tint bon... Mollement en terme d'arguments.

- Oui mais non... Euh, cette fois non. Ce sont des ordres du shireikan.

Kei se mordit la langue pour ne pas jurer. C'est vrai que Retsu avait évoqué quelque chose du genre, elle avait d'ailleurs trouve ça assez ridicule pour Sakamasu. Depuis la tentative de meurtre, elle trouvait ça plus judicieux mais ça ne l'enchantait pas. Puis quatre?

- Quatre c'est peut-être trop quand même, deux? Negocia--t-elle.

- Déjà que Retsu-sama voulait qu'on soit dix, je doute qu'il apprécie qu'on ne soit que deux...

- Dix?! C'est pratique pour être discret...

- Je crois que ce n'est pas le but premier d'être discret, répondit-il doctement.

Elle prit son mal en patience, tenta un ou deux arrangements qui firent un flop total. Voyant l'heure avancer, de guerre lasse, elle accepta. Le groupe descendit les marches du dojo en fin d'après-midi et Kei prit directement le chemin de l'auberge des marées favorables**. Un ronin des écailles étaient concerné après tout.

Sur le chemin elle acheta une petite plaquette en bois de bouleau orné d'un kanji de bonne santé. Elle irait glisser ça au chevet du malade en rentrant.

**(je crois que c'est juste à côté d'un nouveau bras d'eau mais je crois que c'est encore debout non?)

* Soldats : Fundai Chigiru, Fuwa Nobunori

"J'ai effectivement dit ça en précisant que cela aurait pu arriver si vous étiez tombée sur un bourrin inculte..."

Il la regarda en coin.

"Je m'inquiétait pour vous, figurez-vous. Je trouvais incohérent que vous puissiez rechercher mes faveurs sexuelles après m'avoir fait remarquer mon manque de virilité..."

"Il y a mieux comme méthode de séduction."

- Encore ! Dit-elle en lui tapant le bras. Je ne recherche pas vos faveurs ! :fesse:

Donc, vous me parliez de votre épée (en plus...). Pourquoi la teniez-vous avec des mains pleines de sang ?

"Vous ne deviez pas me donner un indice d'abord, Kuni-gozen ??"

- Je vous l'ai donné. Vous en voulez un autre ?

"Ha." fit Retsu.

"Je pensais que vous n'incluiez que des mortels, Kuni-gozen."

"Je dois dire que si les kamis et les fortunes entrent en ligne, je vais être embêté... Dois-je insulter Bishamon-sama plutôt que Daikoku-sama ??"

Il la regarda un court instant.

"Vous savez très bien que je ne pourrai pas me comporter ainsi..."

- Lais qu'il est bête.

Elle se rapprocha encore et lui murmura :

- Je veux dire que je suis une shugenja. Quand je disais que je parlais aux kami, je voulais dire que je fais des choses magiques.

Effectivement L'auberge des Marées Favorables n'était pas sous l'eau, par contre elle avait eu les pieds dedans bien comme il fallait. Elle faisait maintenant face à l'île qui serait le nouveau quartier noble. C'est assez drôle finalement songea Kei. Et pour le moment faut de stabilisation parfaite des berges, on s'y rendait par bateau, pour accéder à un petit escalier... Entre 3 et 6 marches en fonction de la marée. L'auberge en portait presque mieux son nom maintenant.

"Comme quoi ?" demande Retsu, mal à l'aise de cette proximité.

- Des choses magiques. Si je détaille votre femme ca encore croire que je vous fais du gringue. Si vous saviez ce que les femmes me demandent de nos jours...

"Si vous détaillez ma femme ?? Vous l'avez fait tout à l'heure..."

"D'ailleurs je vous ai vu faire une grimace... Y-a-t-il quelque chose que je dois savoir ?"

"Parce que vous n'avez pas dit que l'enfant allait bien, vous avez dit qu'il allait "aussi bien que d'habitude"..."

- Sans importance. Revenons au sujet de votre épée.

L'auberge maintenait son ambiance de repaire de vieux loups de mer assoiffés : la même décoration, les mêmes vieilles odeurs, la même courbure des nuques sur son bol et ses petits secrets de la part des clients... un peu moins nombreux.

L'aubergiste parlait avec un vétéran des Écailles - un vétéran du Mur.

- Le bonjour, Kei-sama. Qu'est-ce que je vous sers ? J'ai un petit shoshu des îles Mantes, un régal...

"Non je regrette. C'est extrêmement important pour moi. Bien plus que les futilités dont nous parlons depuis tout à l'heure..."

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